- Alexandra, est-ce que tu m'écoutes ?
Son cerveau prit quelques secondes à se réajuster. Thomas. Mon amant des trois derniers mois. Pas d'étincelle. Veut que nous cessions de nous voir. Ou quelque chose du genre.
- Oui, je t'écoute.
- On dirait pas ! Je sais que c'est difficile pour toi, mais ce l'est aussi pour moi !
- Ah, tu trouves ça difficile ?
- Mais oui ! Si tu crois que j'aime ça, faire de la peine aux gens ! Je suis pas un monstre, quand même !
Alexandra le regarda longuement, sourcil froncé et demi-sourire. Le pire, c'est qu'il avait l'air sincère. Comme l'autre gars qui lui avait fait exactement le même coup six mois plus tôt. Même décision soudaine, même mine piteuse, mêmes excuses douteuses. À croire que tous les mâles de la ville âgés entre 25 et 35 ans appartenaient à une confrérie dont le principe de base était de batifoler de fleur en fleur sans jamais se poser. La situation lui parut subitement si ridicule qu'elle éclata de rire.
- C'est n'importe quoi ! s'exclama-t-elle.
- Comment ça, n'importe quoi ? Qu'est-ce qui est n'importe quoi ? demanda Thomas que cette hilarité étonnait et irritait tout à la fois.
- Toi ! Toi et tes explications stupides !
- Bon. Si tu le prends comme ça.
Et il se leva d'un bond, ramassa son slip, l'enfila et entreprit de trouver le reste de ses vêtements dans le fouillis qui régnait sur le sol.
- Ça, c'est la meilleure ! C'est moi qui me fait jeter, mais c'est toi qui est fâché !
- Comment veux-tu que je réagisse ? Tu m'insultes !
Alexandra se dressa sur son séant, brusquement sérieuse.
- Ah, je t'insulte ! Et toi, qu'est-ce que tu penses que tu fais ? Ça fait trois mois que tu m'appelles et que tu m'écris à chaque jour, que tu me couvres de compliments, que tu fais des détours pour venir m'embrasser durant ma pause au travail. Tu m'as acheté une brosse à dents, tu m'as présentée à tes amis et tu m'as même proposé de prendre une semaine de vacances avec toi cet été pour aller faire du hiking dans les White Mountains. Et là, tout à coup, tu te rends compte que tu ne m'aimes pas ? Non mais, tu me prends vraiment pour la reine des connes !
- Je sais que ça l'air bizarre, mais j'ai beaucoup réfléchi ces derniers jours. L'amour, ça ne se commande pas. J'aurais vraiment voulu que ça marche toi et moi, mais...
- Si tu avais vraiment voulu, ça aurait marché.
- C'est pas aussi simple que ça. Quand ça clique pas, ça clique pas.
- Ah ouais ? C'est drôle que tu dises ça, parce que j'ai encore une vingtaine de courriels et de messages textes qui tendent à prouver le contraire. Tu veux que je t'en lise quelques-uns ? répliqua-t-elle en attrapant son cellulaire qui traînait sur la table de chevet.
- Je ne dis pas que je ne t'apprécie pas, Alexandra...
- J'aime particulièrement celui-ci, continua la jeune femme sans se préoccuper du manque d'enthousiasme de son amant. « Alexandra, tu m'obsèdes. Je n'arrête pas de penser à toi. J'ai tellement hâte de me glisser entre tes bras ce soir et d'embrasser tes lèvres, si douces et si chaudes. Tu me manques. » Et tu sais quand tu me l'as envoyé ? Vendredi dernier.
Thomas fit la moue. Il s'était préparé à des larmes et à des reproches, pas à une attaque en règle de ses motivations et de sa logique. Il commençait à manquer cruellement d'arguments.
- C'était sur le moment. Je le ressentais quand je l'ai écrit. Mais là, c'est différent, murmura-t-il sans grande conviction.
Alexandra sortit lentement du lit et se planta devant lui. Il dû se concentrer pour ne pas laisser son regard tomber sur ses deux jolis seins blancs.
- T'as le choix, Thomas. Ou t'es un crosseur qui m'a menée en bateau durant trois mois pour le seul plaisir de la chose ou t'es un lâche qui n'a pas les couilles d'assumer ce qu'il ressent et de s'engager dans une relation amoureuse stable.
Touché. Un à zéro pour la fille nue contre le gars en bobette.
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