30 décembre 2008

Fool Me Twice, Shame on Me

Absorbée par la contemplation des étoiles phosphorescentes qui constellaient le plafond de la chambre, elle mit un moment à réaliser que le jeune homme s'était tu et qu'il la dévisageait avec un léger agacement.
  • Alexandra, est-ce que tu m'écoutes ?
Son cerveau prit quelques secondes à se réajuster. Thomas. Mon amant des trois derniers mois. Pas d'étincelle. Veut que nous cessions de nous voir. Ou quelque chose du genre.
  • Oui, je t'écoute.
  • On dirait pas ! Je sais que c'est difficile pour toi, mais ce l'est aussi pour moi !
  • Ah, tu trouves ça difficile ?
  • Mais oui ! Si tu crois que j'aime ça, faire de la peine aux gens ! Je suis pas un monstre, quand même !
Alexandra le regarda longuement, sourcil froncé et demi-sourire. Le pire, c'est qu'il avait l'air sincère. Comme l'autre gars qui lui avait fait exactement le même coup six mois plus tôt. Même décision soudaine, même mine piteuse, mêmes excuses douteuses. À croire que tous les mâles de la ville âgés entre 25 et 35 ans appartenaient à une confrérie dont le principe de base était de batifoler de fleur en fleur sans jamais se poser. La situation lui parut subitement si ridicule qu'elle éclata de rire.
  • C'est n'importe quoi ! s'exclama-t-elle.
  • Comment ça, n'importe quoi ? Qu'est-ce qui est n'importe quoi ? demanda Thomas que cette hilarité étonnait et irritait tout à la fois.
  • Toi ! Toi et tes explications stupides !
  • Bon. Si tu le prends comme ça.
Et il se leva d'un bond, ramassa son slip, l'enfila et entreprit de trouver le reste de ses vêtements dans le fouillis qui régnait sur le sol.
  • Ça, c'est la meilleure ! C'est moi qui me fait jeter, mais c'est toi qui est fâché !
  • Comment veux-tu que je réagisse ? Tu m'insultes !
Alexandra se dressa sur son séant, brusquement sérieuse.
  • Ah, je t'insulte ! Et toi, qu'est-ce que tu penses que tu fais ? Ça fait trois mois que tu m'appelles et que tu m'écris à chaque jour, que tu me couvres de compliments, que tu fais des détours pour venir m'embrasser durant ma pause au travail. Tu m'as acheté une brosse à dents, tu m'as présentée à tes amis et tu m'as même proposé de prendre une semaine de vacances avec toi cet été pour aller faire du hiking dans les White Mountains. Et là, tout à coup, tu te rends compte que tu ne m'aimes pas ? Non mais, tu me prends vraiment pour la reine des connes !
  • Je sais que ça l'air bizarre, mais j'ai beaucoup réfléchi ces derniers jours. L'amour, ça ne se commande pas. J'aurais vraiment voulu que ça marche toi et moi, mais...
  • Si tu avais vraiment voulu, ça aurait marché.
  • C'est pas aussi simple que ça. Quand ça clique pas, ça clique pas.
  • Ah ouais ? C'est drôle que tu dises ça, parce que j'ai encore une vingtaine de courriels et de messages textes qui tendent à prouver le contraire. Tu veux que je t'en lise quelques-uns ? répliqua-t-elle en attrapant son cellulaire qui traînait sur la table de chevet.
  • Je ne dis pas que je ne t'apprécie pas, Alexandra...
  • J'aime particulièrement celui-ci, continua la jeune femme sans se préoccuper du manque d'enthousiasme de son amant. « Alexandra, tu m'obsèdes. Je n'arrête pas de penser à toi. J'ai tellement hâte de me glisser entre tes bras ce soir et d'embrasser tes lèvres, si douces et si chaudes. Tu me manques. » Et tu sais quand tu me l'as envoyé ? Vendredi dernier.
Thomas fit la moue. Il s'était préparé à des larmes et à des reproches, pas à une attaque en règle de ses motivations et de sa logique. Il commençait à manquer cruellement d'arguments.
  • C'était sur le moment. Je le ressentais quand je l'ai écrit. Mais là, c'est différent, murmura-t-il sans grande conviction.
Alexandra sortit lentement du lit et se planta devant lui. Il dû se concentrer pour ne pas laisser son regard tomber sur ses deux jolis seins blancs.
  • T'as le choix, Thomas. Ou t'es un crosseur qui m'a menée en bateau durant trois mois pour le seul plaisir de la chose ou t'es un lâche qui n'a pas les couilles d'assumer ce qu'il ressent et de s'engager dans une relation amoureuse stable.
Touché. Un à zéro pour la fille nue contre le gars en bobette.

11 novembre 2008

Petites et grandes leçons de séduction

10 trucs faciles pour faire fuir les gars

1. Ne pas se raser les jambes, les aisselles ou le bikini pendant deux semaines et exposer sans vergogne notre pilosité.
Une vraie femme est toujours rasée de près et aucun gars qui se respecte n'accepterait de partager sa couche avec une version féminine du Sasquatch.

2. Discuter avec lui de sujets philosophiques, abstraits ou d'actualité, avancer des arguments solides et avoir raison à l'occasion.
Une femme avec des opinions et des idées habilement défendues ? Encore une dérive du féminisme !

3. Manifester de l'enthousiasme par rapport à lui et à la relation.
Rien de mieux qu'une fille intéressée pour faire ressurgir dans l'esprit des gars le spectre de l'engagement et de la routine conjugale qui en est forcément le lot.

4. Être intelligente et indépendante, avoir une vie sociale bien remplie et mener une carrière intéressante.
S'ils ne peuvent pas jouer les rôles traditionnels de protecteur, de mentor ou de pourvoyeur, les gars perdent tous leurs moyens, développent aussitôt un complexe d'infériorité et préfèrent partir en quête d'une nunuche plutôt que de risquer leur amour-propre.

5. Manifester le désir de se reproduire dans un avenir proche. Très proche, même.
Les gars ne sont jamais très chauds à l'idée de partager leur console Wii, même avec leur propre progéniture.

6. Exprimer haut et fort une envie pressante de soulager un besoin naturel dans un langage cru et sans équivoque.
Même la plus belle des filles ne peut se permettre de rappeler aussi brusquement qu'elle n'est après tout qu'un être humain avec tout ce que cela implique comme fonctions physiques. L'éternel féminin a la vie dure !

7. Évoquer en soupirant les mariages romantiques de nos copines et connaissances en laissant clairement transparaître une pointe d'envie.
Technique un peu désuète, mais qui a le charme certain des classiques ! Si les gars paniquent à la seule pensée que la fille qu'ils fréquentent pourrait laisser une brosse à dents chez eux de façon permanente, imaginez si elle cherche à leur passer la corde au cou. Débandade assurée !

8. Ne pas cadrer dans le stéréotype féminin.
Les gars n'aiment pas que l'on brouille les cartes. Moi Tarzan, toi Jane. Sinon, adieu.

9. Le traiter comme un égal, un complice et un ami plutôt que comme une chose à notre disposition.
Les gars préfèrent nettement la fille qui les materne à celle qui n'aspire qu'à être leur compagne. Non seulement la Germaine leur offre-t-elle le même encadrement rassurant que maman en gérant le moindre aspect de leur vie, mais en plus, ils peuvent se payer le luxe de se plaindre de son joug auprès de leurs amis.

10. Ne pas correspondre parfaitement à leurs critères physiques.
Il aime les grandes blondes et vous êtes une petite brunette ? Peine perdue. Peu importe votre incroyable complicité intellectuelle et votre merveilleuse entente sexuelle, jamais il n'acceptera de renoncer à son idéal pour se contenter de moins. Il faut suivre ses rêves...













24 octobre 2008

Le Feu de l'amour et du hasard

Jeudi soir dans l'une des plus belles villes du nord de l'Amérique. Entamant ma quatrième pinte de bière blonde de la soirée, j'écoute un peu distraitement un jeune pompier m'expliquer comment il peut deviner l'état d'esprit ou les intentions d'une personne par la simple analyse de son langage non verbal. À ma droite, Nathalie minaude avec le chef aux opérations, un grand gaillard à la tête rasée et aux muscles saillants. En face de moi, Alexandra disserte sur ses préférences en matière de vibrateur, coincée entre le capitaine et le lieutenent qui sont aussi subjugués par son discours que par son opulente poitrine. À ma gauche, Noémie est sur le point de se consumer pour le bellâtre de la caserne qui, jolie gueule, sourire désarmant et mains baladeuses, lui chante intensément la pomme. Décidement, l'irruption de cette bande de pompiers en goguette dans notre 5 à 7 hebdomadaire semble prendre une tournure plutôt dissolue. Du moins pour mes copines, puisque je suis apparemment tombée sur le seul de ces messieurs qui ne brûle pas d'éteindre quelque incendie...

Une deuxième tournée de shooters vient interrompre le plat exposé de mon bel interlocuteur qui, malgré ses connaissances indéniables en synergologie, ne saisit pas du tout ce qui se cache sous mes regards appuyés et mon décolleté savamment exposé. Ragaillardie par la dernière rasade d'alcool, je décide de passer aux choses sérieuses. C'est à ce moment que retentit dans les haut-parleurs l'une de mes chansons préférées, provoquant aussitôt l'euphorie générale et une ruée vers la piste de danse. Émoustillée, j'empoigne le bras de mon pompier et tente de l'entraîner parmi la foule des danseurs. Il se raidit, aussi choqué que si je lui avais carrément mis la main dans le pantalon, et refuse ma proposition en bredouillant qu'il n'est pas d'humeur à se déhancher. J'insiste en riant, tirant un peu sur la manche de sa chemise, le suppliant presque. Il me regarde l'air vaguement effrayé, comme si j'étais une ogresse prête à le dévorer, puis prétextant une envie pressante, se sauve en direction des toilettes.

Abandonnée et perplexe, je me cale dans mon fauteuil en avalant le reste de mon verre. Nathalie et son prétendant ont disparu. Alexandra est maintenant assise sur les genoux du capitaine. Noémie et le tombeur s'embrassent comme s'il n'y avait pas de lendemain, à demi couchés sur la banquette. Voyant mon soudain désœuvrement et ayant déclaré forfait devant son supérieur dans la lutte silencieuse pour les faveurs de mon amie, le lieutenant s'assied à côté de moi et me fait la conversation avec un enthousiasme légèrement suspect. Ma copine. Moi. La blonde qui boit un mojito trois sièges plus loin. La petite asiatique qui sautille au rythme de la musique. La fille du vestiaire et sa robe à paillettes. Même la quadragénaire un peu défraîchie accoudée au bar. Peu importe. Quand il s'agit de ramener quelqu'un dans leur lit ou de le suivre jusque dans le sien, les prédateurs qui rôdent dans la jungle urbaine n'ont pas des critères très poussés. Une proie leur échappe ? Ils se rabattent sur une autre et sur une autre encore, jusqu'à ce qu'ils réussissent ou que 3 h sonne. Dans un tel contexte, et comme je suis loin d'être le pire parti du lot, la résistance du jeunot est aussi inhabituelle que surprenante. Faut dire que ça fait à peine un an que le petit a quitté sa Gaspésie natale pour la grande ville. Voilà sans doute qui explique pourquoi il a encore des principes.... et une âme.