« J'emménage dans mon nouveau duplex dans une semaine et je suis enceinte. »
J'ai beau avoir entendu ce genre de phrase avec toutes les variations possibles sur le même thème, j'en reste toujours pantoise quand une ancienne collègue de travail ou une connaissance croisée par hasard me la sort. Surtout à 8 h 22 un vendredi matin sur le quai du métro après un 5 à 7 mémorable et une trop courte nuit. Pourtant, je devrais être habituée. Depuis trois ans, les gens autour de moi n'arrêtent pas de se marier, de s'acheter des maisons et de se reproduire. C'est une véritable épidémie de lunes de miel, d'hypothèques communes et de marmots ! On dirait qu'ils ont attendu que ma vie sentimentale s'écroule pour aller de l'avant dans la leur. Je me suis rarement sentie aussi déphasée par rapport à mes semblables, ce qui me donne régulièrement l'impression d'être une extraterreste ou la victime d'une sombre malédiction.
Évidemment, je félicite cette autre heureuse élue du bonheur conjugal et lui pose moult questions au sujet de son nouveau nid et de son oisillon, espérant ainsi éviter que la conversation ne tombe sur ma propre existence et ne m'oblige à trouver quelque chose de décent à raconter. Malheureusement, après plusieurs minutes de roucoulements extatiques sur les joies de la propriété et de la maternité, mon interlocutrice finit par me retourner la politesse, s'enquérant des derniers faits saillants de ma vie. Eh merde. Une légère nausée, à laquelle les six pintes de bière et les deux vodka canneberge de la veille ne sont peut-être pas étrangers, me noue soudainement l'estomac. Alors que le métro fait bruyamment son entrée dans la station, les images et les idées se bousculent dans mon esprit embrumé en quête d'un événement ou d'une anecdote quelconque pouvant satisfaire la curiosité de la future maman épanouie plantée devant moi sans miner à jamais ma crédibilité.
Car, pour une célibataire trentenaire et sans enfant, parler de son quotidien à des personnes qui ne font pas partie de son cercle d'intimes peut se révéler une expérience assez périlleuse. À moins d'avoir un nouveau boulot, un projet de voyage, un spectacle de chorale, un tournoi de badminton ou toute autre nouvelle neutre et banale prête à servir, l'honnêteté n'est certainement pas de mise. J'imagine la tête que feraient les gens si je répondais la stricte vérité quand ils m'interrogent sur ma vie : « Quoi de neuf ? Eh bien, je viens de passer les dernières heures à baiser avec un champion de judo rencontré au cours de mon 5@7 hebdomadaire et qui avait l'une des plus belles queues qui m'ait été donné de voir dans ma carrière. Longue, mais pas trop. Juste assez costaude. Admirablement résistante. Un rêve ! » ou encore « La semaine passée, j'étais tellement soûle quand je suis sortie du bar à 3 h du matin que j'ai vomi sur le doorman qui était venu me dire de descendre du banc et d'arrêter de chanter. Je pense que je ne pourrai pas retourner là de sitôt ! En tout cas, les concours de shooters et moi, c'est teeeerrrrminé ! » Idéal pour se faire une réputation de nymphomane alcoolique.
D'aucuns trouveront, et particulièrement ma maman, que se vautrer ainsi dans la débauche à un âge aussi respectable est une façon bien futile d'occuper son temps et un signe flagrant d'immaturité. Et c'est vrai que le célibat s'apparente beaucoup à l'adolescence... avec l'argent en plus et la surveillance parentale en moins. Pas d'amoureux à chouchouter, pas de maison à payer et à entretenir, pas d'enfants à dorloter. Me, myself and I dans un joli trois et demi abordable et avantageusement situé près de tous les plaisirs citadins dont je peux pleinement profiter grâce à mon horaire très, très, très flexible. Comme situation, on a vu pire. Malgré tout, j'admets que je n'ai pas plus grand désir que de trouver un homme bien pour aller grossir les rangs des couples qui assurent la pérennité de l'industrie immobilière et de l'espèce. Le seul problème, c'est que toutes mes tentatives dans le domaine ont jusqu'ici douloureusement échoué. Alors, qui pourra me reprocher de profiter de cette insouciante liberté plutôt que de m'apitoyer sur mon sort de pestiférée de l'amour ? « Quand la vie vous donne des citrons, faites de la limonade », disent les Anglais. Et je dirais même plus : « Rajoutez-y de la vodka, c'est encore meilleur ! »
J'ai beau avoir entendu ce genre de phrase avec toutes les variations possibles sur le même thème, j'en reste toujours pantoise quand une ancienne collègue de travail ou une connaissance croisée par hasard me la sort. Surtout à 8 h 22 un vendredi matin sur le quai du métro après un 5 à 7 mémorable et une trop courte nuit. Pourtant, je devrais être habituée. Depuis trois ans, les gens autour de moi n'arrêtent pas de se marier, de s'acheter des maisons et de se reproduire. C'est une véritable épidémie de lunes de miel, d'hypothèques communes et de marmots ! On dirait qu'ils ont attendu que ma vie sentimentale s'écroule pour aller de l'avant dans la leur. Je me suis rarement sentie aussi déphasée par rapport à mes semblables, ce qui me donne régulièrement l'impression d'être une extraterreste ou la victime d'une sombre malédiction.
Évidemment, je félicite cette autre heureuse élue du bonheur conjugal et lui pose moult questions au sujet de son nouveau nid et de son oisillon, espérant ainsi éviter que la conversation ne tombe sur ma propre existence et ne m'oblige à trouver quelque chose de décent à raconter. Malheureusement, après plusieurs minutes de roucoulements extatiques sur les joies de la propriété et de la maternité, mon interlocutrice finit par me retourner la politesse, s'enquérant des derniers faits saillants de ma vie. Eh merde. Une légère nausée, à laquelle les six pintes de bière et les deux vodka canneberge de la veille ne sont peut-être pas étrangers, me noue soudainement l'estomac. Alors que le métro fait bruyamment son entrée dans la station, les images et les idées se bousculent dans mon esprit embrumé en quête d'un événement ou d'une anecdote quelconque pouvant satisfaire la curiosité de la future maman épanouie plantée devant moi sans miner à jamais ma crédibilité.
Car, pour une célibataire trentenaire et sans enfant, parler de son quotidien à des personnes qui ne font pas partie de son cercle d'intimes peut se révéler une expérience assez périlleuse. À moins d'avoir un nouveau boulot, un projet de voyage, un spectacle de chorale, un tournoi de badminton ou toute autre nouvelle neutre et banale prête à servir, l'honnêteté n'est certainement pas de mise. J'imagine la tête que feraient les gens si je répondais la stricte vérité quand ils m'interrogent sur ma vie : « Quoi de neuf ? Eh bien, je viens de passer les dernières heures à baiser avec un champion de judo rencontré au cours de mon 5@7 hebdomadaire et qui avait l'une des plus belles queues qui m'ait été donné de voir dans ma carrière. Longue, mais pas trop. Juste assez costaude. Admirablement résistante. Un rêve ! » ou encore « La semaine passée, j'étais tellement soûle quand je suis sortie du bar à 3 h du matin que j'ai vomi sur le doorman qui était venu me dire de descendre du banc et d'arrêter de chanter. Je pense que je ne pourrai pas retourner là de sitôt ! En tout cas, les concours de shooters et moi, c'est teeeerrrrminé ! » Idéal pour se faire une réputation de nymphomane alcoolique.
D'aucuns trouveront, et particulièrement ma maman, que se vautrer ainsi dans la débauche à un âge aussi respectable est une façon bien futile d'occuper son temps et un signe flagrant d'immaturité. Et c'est vrai que le célibat s'apparente beaucoup à l'adolescence... avec l'argent en plus et la surveillance parentale en moins. Pas d'amoureux à chouchouter, pas de maison à payer et à entretenir, pas d'enfants à dorloter. Me, myself and I dans un joli trois et demi abordable et avantageusement situé près de tous les plaisirs citadins dont je peux pleinement profiter grâce à mon horaire très, très, très flexible. Comme situation, on a vu pire. Malgré tout, j'admets que je n'ai pas plus grand désir que de trouver un homme bien pour aller grossir les rangs des couples qui assurent la pérennité de l'industrie immobilière et de l'espèce. Le seul problème, c'est que toutes mes tentatives dans le domaine ont jusqu'ici douloureusement échoué. Alors, qui pourra me reprocher de profiter de cette insouciante liberté plutôt que de m'apitoyer sur mon sort de pestiférée de l'amour ? « Quand la vie vous donne des citrons, faites de la limonade », disent les Anglais. Et je dirais même plus : « Rajoutez-y de la vodka, c'est encore meilleur ! »
1 commentaire:
Youppi!!!
Enfin, ce blog tant attendu!!
Il est 7h30 am et tu m'offres une jouissive lecture matinale!! Merci Adik!!! Même la vodka canneberge n'est pas de trop ce matin. J'ai hâte d'en lire plus!! Suis déjà accro.
BisousxxVivi
!!!
Enregistrer un commentaire