24 janvier 2010

L'âge ingrat

En amour, tout se joue avant 30 ans. Après, c'est encore possible. Mais c'est plus difficile. En fait, la trentaine est probablement l'âge le plus ingrat pour chercher l'âme soeur. C'est la période de la vie où la majorité des gens décident de se caser, d'acheter une maison et de se reproduire. Bien sûr, ce n'est pas une règle absolue. Certains le font avant ou après, alors que d'autres ne le feront jamais. Mais de façon générale, c'est à ce moment-là que ça se passe. Et si, par un coup odieux du destin, on n'a pas encore trouvé sa tendre moitié après avoir soufflé ses 30 bougies, la quête s'annonce on ne peut plus ardue, ne serait-ce qu'en raison de la rareté des candidats potables.

D'abord, quand on dépasse le cap de la trentaine, les occasions de faire de nouvelles connaissances, parmi lesquelles pourraient se glisser un parti intéressant, ne sont pas fréquentes. Dans la vingtaine, les fêtes auxquelles nous convient nos amis sont généralement peuplées de célibataires et donc assez propices aux rencontres amoureuses. Mais plus le temps passe, plus le vent tourne. Au début, on se contente de remarquer que X et Y sont ensemble, que A s'est fait une copine, que B a un amoureux. Puis, on note que, mise à part l'amateur de jeux vidéo grassouillet qui habite encore chez ses parents, on est la seule soliste de l'orchestre. Et quand même l'adepte de la manette finit par trouver chaussure à son pied, on commence sérieusement à se demander s'il n'y a pas quelque chose qui cloche. Mais il est déjà trop tard. Car à partir de ce moment-là, les événements se précipitent à une vitesse étourdissante : cohabitation, mariage, maison, bébé. Hop, hop, hop ! On se réveille un beau matin et on est l'unique trentenaire à des kilomètres à la ronde qui n'a pas de conjoint, d'hypothèque et d'enfants.

Alors, voilà. Le train est passé et, pour des raisons obscures, on est restée sur le quai, malgré nos quelques tentatives ratées de grimper dans le convoi. Mais bon. Trève de défaitisme ! Il doit bien y avoir d'autres départs, d'autres destinations. Il suffit de chercher ! Les ressources de notre cercle intime, même élargi, étant épuisées, on se tourne naturellement vers notre milieu de travail. Le hic, c'est que nos collègues semblent souffrir du même mal que nos amis. On trouve le technicien en informatique mignon ? La fille de la comptabilité nous apprend qu'il se marie le mois prochain. On aimerait passer une soirée en tête à tête avec le beau directeur du marketing ? On reçoit un courriel avec la photo de son nouveau-né. Même le jeune livreur, que l'on aurait bien pris comme amant en attendant, a une copine depuis quatre ans. Bref, à moins de travailler dans une énorme entreprise avec un gros roulement de personnel ou de changer d'emploi à tous les trois mois, les chances de tomber sur le bon numéro au boulot sont quasiment nulles.

Refusant de s'avouer vaincue, on décide alors d'employer des moyens plus pragmatiques. Entre les sites de rencontre et les séances de speed dating, on se tape des blind date ratés avec le fils de l'amie d'enfance de notre mère, le chiropraticien de notre patronne ou le cousin de notre esthéticienne. Mais au bout de quelques déceptions, on est bien obligée d'admettre que les mâles célibataires de notre âge ne sont pas légion et que, une fois éliminés ceux qui ne nous plaisent pas d'emblée, il ne reste pas grand-chose. Vieux garçons capricieux qui frôlent l'apoplexie chaque fois que l'on dérange un tant soit peu leurs habitudes. Adolescents attardés effrayés par l'engagement qui disparaissent dès qu'on se met à les aimer. Dépendants affectifs qui sortiraient avec n'importe qui pour ne pas être seuls. Baiseurs compulsifs qui se désintéressent de leurs conquêtes dès qu'ils les ont culbutées. Névrosés à l'enfance brisée qui vivent en état de crise quasi perpétuel. On a l'impression d'être dans un grand magasin le lendemain des soldes d'après Noël, quand il n'y a plus sur les tablettes que les articles défectueux, abîmés ou défraîchis.

Finalement, après toute cette vaine agitation, on se demande si on y tient tant que ça, à la grande passion. Après tout, on se débrouille pas si mal sans elle. Et quand on s'y attarde un peu, on se rend bien compte que tous les couples ne sont pas heureux. Vaut mieux être seule que mal accompagnée. Mais quand même. Malgré tous nos efforts pour le réprimer, le désir de trouver l'âme soeur reste bien présent, parfois plus pressant, parfois plus lointain. Et tout le défi de notre situation de célibataire trentenaire en mal d'amour réside dans le maintien du fragile équilibre entre espoir et sérénité...








4 commentaires:

Anonyme a dit…

Comme on dit, « les filles (et c'est pareil pour les mecs) c'est comme les places de parking, elles sont toutes prises, et celles qui restent c'est pour les handicapés ».

Bon, plus sérieusement, 97 et moi on s'est rencontrés post-trentaine, et ça valait vraiment la peine d'attendre :P

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annec a dit…

mais comment peut il y avoir autant de femmes seules (et en plus elles sont en général jolies, brillantes...).

Internet nous donne de nouveaux moyens de faire des rencontres mais il semble que ce ne soit pas si facile. Rien qu'à lire les posts des filles sur loveconfident...

Élizabeth la Guerrière a dit…

@97point23: Effectivement, ça vaut la peine d'attendre si c'est pour rencontrer quelqu'un avec qui on sera vraiment bien. C'est le principe que j'essaie actuellement de suivre dans ma vie sentimentale. Pas toujour facile.

@Annec: C'est vrai que les sites de rencontre donnent l'impression qu'il y a des milliers de célibataires à portée de clavier et qu'il suffit de s'inscrire pour trouver facilement l'âme soeur. Mais on se rend rapidement compte que quantité ne rime pas nécessairement avec qualité et que ça ne sert à rien de rencontrer 10 000 personnes si aucune d'entre elles ne nous intéressent vraiment...

Anonyme a dit…

de même, post-trentaine pour LA rencontre... comme quoi ! ;)