7 décembre 2009

Jamais deux...

Ma bonne étoile me boude par les temps qui courent. En fait, elle m'a carrément prise en grippe. Ou alors, c'est mon karma qui me rattrape. À en juger par mes mésaventures sentimentales des dernières semaines, j'ai probablement été une sacrée salope dans une vie antérieure. Et là, je paie par ma solitude présente et les incessantes rebuffades qui la ponctuent pour les coeurs que j'ai brisés par le passé. Le pire, c'est que je n'ai même pas la prétention de chercher l'amour. Tout ce que je veux des gars que je rencontre, c'est du sexe et un peu d'affection. Et même ce dernier point est négociable. On pourrait croire que c'est quelque chose de plutôt facile à trouver pour une fille pas trop moche, modérément exigeante et assez hardie pour approcher les mâles sur la piste de danse après plusieurs vodka canneberge. Eh bien non ! Je peux maintenant le confirmer : je suis si malchanceuse en amour que même mes one night tournent au vinaigre ! Faut le faire...

L'ours empoté
Le premier acte de cette tragicomédie se déroule après une sortie passablement arrosée dans un bar de ma ville adorée. Je suis sur mon divan, un verre de porto à la main et je regarde ma prise de la soirée qui, un peu crispée, ne semble pas disposée à me sauter dessus comme elle devrait pourtant le faire. Je dépose donc ma coupe et enfourche l'homme, histoire de lui signifier qu'il est temps de passer aux choses sérieuses. C'est une tactique qui a fait ses preuves. Il se dégêne un peu, m'embrasse, promène ses mains sur mon corps. J'ouvre sa chemise et découvre avec délice que son torse est couvert d'une toison noire et abondante comme je les aime. Enchantée, je lui propose de continuer dans ma chambre, une offre aussi motivée par l'absence de rideaux dans mon salon qui donne une superbe vue à quiconque se balade dans la rue en face de mon immeuble.

L'action se poursuit donc sur mon lit. Et c'est à ce moment que la sauce commence à sérieusement se gâter. À plusieurs reprises, il cesse de m'embrasser, se recule et me regarde pendant quelques secondes, sans sourire. Je soutiens son regard, intriguée. Évidemment, je le questionne, le somme de me dire ce qui le tracasse. Il s'obstine à répondre que tout va bien. Nos ébats progressent tant bien que mal. Il n'est pas très adroit et sa notion des préliminaires se résume à un effleurement rapide de mon entrejambe. C'est à se demander s'il a déjà baisé dans sa vie. Mais nous sommes bientôt nus, et en prévision du clou du spectacle, je sors les condoms. À ma grande surprise, il en attrape un, le développe et l'enfile même s'il n'est manifestement pas dans l'état approprié. Après une tentative ratée, j'empoigne la chose afin de l'aider un peu... pour me rendre compte que ce gars a probablement l'une des plus petites bites qu'il m'ait malheureusement été donné de voir. À peine plus costaude et longue qu'un pouce. Incroyable. Je ne me laisse pas démonter pour autant et tente, par un savant mouvement de va-et-vient, de lui insuffler un peu de vigueur. Peine perdue puisque mon compagnon décide tout à coup d'abandonner complètement le projet. Comme j'ai bu, qu'il est tard et que je ne suis pas Don Quichotte pour me battre contre des moulins, je laisse aussi tomber. Il se sent un peu mal. Je lui dis de pas s'en faire, que ça peut arriver à tout le monde, dépose un petit baiser compatissant sur son front et éteins la lumière.

Le lendemain matin, je suis réveillée par des mains qui explorent fort maladroitement mes courbes. Leur manège dure quelques secondes à peine. Elles se retirent rapidement, sans doute découragées par mon manque de réaction. Pour ma défense, la gueule de bois se fait sentir et je n'ai pas trop envie de reprendre les hostilités, surtout avec un adversaire aussi peu habile. Après une heure de conversation sur l'oreiller qu'aucune étreinte n'est venue interrompre, le gars finit par se lever, par s'habiller et par s'en aller, non sans m'avoir auparavant demandé... mon numéro de téléphone. Devant mon étonnement et mon hésitation, il m'a finalement donné le sien, précisant toutefois que ce n'était pas grave si je ne le rappelais pas. On voit à quel point il tient à me revoir. N'importe quoi, vraiment.

Quelques minutes plus tard, je parle au téléphone avec Alexandra qui me raconte comment le gars qu'elle s'est ramené hier soir l'a baisée de tout bord et de tout côté. J'en suis presque malade de jalousie. Comble de l'ironie : Nathalie aussi a eu droit à un orgasme, même si son mec a également eu une petite défaillance technique. Décidemment, je suis la seule qui a joué de malchance. Mais bon. Une fois n'est pas coutume, que je me dis. Ma prochaine aventure d'un soir sera meilleure. Hélas, comme je me trompais !

L'étalon pénitent
Deux semaines plus tard, je suis dans un bar avec Alexandra et son prétendant du moment à boire de la bière blonde. Les deux tourtereaux s'embrassent et minaudent alors que j'observe la faune qui boit, qui discute et qui danse autour de moi. J'aimerais évidemment ramener un fringant spécimen chez moi, histoire de me reprendre pour mon dernier échec. Le mec de mon amie travaille d'ailleurs fort pour convaincre l'un de ses collègues de travail célibataires de se pointer. Après moults appels et messages textes, l'homme finit par arriver. Beau, grand, sympathique. Je ne sais pas ce que l'autre lui a dit, mais il est assez clair qu'il s'attend à passer la nuit avec moi. Quelques secondes après son arrivée, il me lance même un «alors, pas trop déçue ?» qui en dit long sur les raisons de sa présence. Comme il est presque trois heures et que l'autre duo commence à s'échauffer dangeurement, nous décidons de partir. Moins de 20 minutes plus tard, je suis de nouveau sur mon divan, mais cette fois avec un tout autre gars qui, je l'espère, saura enfin satisfaire les pulsions qui me tiraillent depuis un peu trop longtemps.

Affalée sur lui, je bois de l'eau dans l'espoir de diluer un peu l'alcool qui coule dans mes veines et me fait tourner la tête. Cherchant à faire la conversation, je lui demande à quand remonte sa dernière histoire d'amour. Il hésite un peu, bredouille qu'il ne devrait sans doute pas me dire ça puis m'avoue qu'il a une copine. Je me redresse aussitôt, choquée. «Mais qu'est-ce que tu fais ici alors ?» que je réplique, interloquée. Une discussion étrange fait suite à cet aveu candide durant laquelle je l'interroge davantage et où il admet que l'adultère est un mode de vie pour lui. Comme je suis saoule, je le confronte gentiment mais fermement, démolissant chacune des excuses qu'il sort sans grande conviction. Le pauvre gars ne s'attendait probablement à se faire psychanaliser en direct. Il ne se laisse néanmois pas impressionner et décide au bout d'un moment d'interrompre mon interrogatoire en plongeant ses immenses mains dans mon soutien-gorge et en m'embrassant, me faisant ainsi perdre tous mes moyens...

Au diable les grandes principes ! Nous nous retrouvons sur mon lit. Ce candidat est nettement plus doué que le précédent. Il a un excellent doigté, ce qui augure bien pour le reste. Et quand il se débarrasse de son boxer, je reste sans voix. C'est un roc ! C'est un pic ! C'est un cap ! Que dis-je, c'est un cap ? C'est une péninsule ! Et en plus d'en avoir la grosseur, il en a également la dureté ! Soucieuse de ne pas laisser filer cette chance, je saisis un condom et réalise par le fait même que nos ébats sont compromis. Peu habituée à rencontrer pareil appendice, je n'ai rien de décent pour le vêtir. Le gars tente toutefois le coup, coinçant le colosse dans une capote nettement trop petite pour lui. Alors que nous sommes sur le point de faire le grand plongeon, mon amant se rebiffe soudainement. Je ne sais pas si c'est le préservatif trop serré ou de brusques remords qui ont eu raison de ses intentions libidineuses, mais il saute hors du lit et annonce qu'il veut s'en aller parce que je n'ai pas l'air à l'aise. Il fait clairement de la projection.

En moins d'une minute, il est habillé alors que je suis toujours toute nue, complètement abasourdie par ce revirement inattendu. Mais la surprise cède rapidement la place à une sourde colère. Pour essayer de m'amadouer, il me dit que je suis la première à qui il avoue sa véritable situation, que d'habitude il reste muet et que les filles s'attachent à lui sans savoir qu'il n'est pas libre. Je l'assure que je ne développerai jamais de sentiment pour lui, ajoutant mentalement qu'il me serait totalement impossible d'aimer un pareil couillon. Il poursuit en me proposant de remettre ça à une autre fois. Je lui ris presque au visage, lui lançant qu'il n'y aura certainement pas d'autre fois. Comme il est sur le pas de la porte, je la referme brusquement, le poussant dehors, et la verrouille d'un coup sec. Dans le genre : dégage, connard.

Maintenant vêtue de mon pyjama, je tourne quelques instants dans mon appartement, comme une lionne en cage, me disant que ce n'est pas vrai, que je rêve, que je ne viens pas de vivre un deuxième one night raté en deux semaines. J'attrape mon téléphone, appelle Alexandra, tombe sur son répondeur et rugit mon mécontentement en lui résumant ce qui vient de m'arriver. Elle me rappelle quelques minutes plus tard. Elle n'en revient pas, elle non plus. Sur le coup, je suis convaincue que son mec était au courant que le bellâtre qu'il essayait de me refiler était en couple. Mais il jure que ce n'est qu'un collègue de travail et qu'il ne le connaît pas beaucoup. Après avoir déversé mon fiel pendant 15 minutes, je laisse les lapereaux à leurs ébats. Ma rage ne s'est toujours pas disssipée. Mais la nuit n'est pas encore terminée. Et elle me réserve encore des surprises, malgré l'heure plus que tardive...


1 commentaire:

Alexandra a dit…

Bon résumé Elizabeth! ;) J'espère que le prochain sera le bon.. Du moins, pour une bonne baise!