J'ai pour principe de ne jamais lire un livre qui ne me plaît pas. La vie est trop courte pour que je perde mon temps avec un bouquin qui ne me dit rien, surtout quand il en existe des millions d'autres susceptibles de m'intéresser. Dans la plupart des cas, un seul coup d'oeil à la première page suffit pour que je sache si ce sera le grand amour ou un flop total. S'il n'y a pas d'étincelle à cette étape, c'est peine perdue. Il m'est quand même arrivé de pousser un peu plus loin et j'avoue que, à quelques très rares occasions, ma persévérance m'a finalement permis d'apprécier une oeuvre qui me laissait de glace au départ. Mais c'est l'exception qui confirme la règle.
Je réalise aujourd'hui, après plus de trois ans de célibat, qu'il en va des hommes comme des livres : tout se joue dans les premiers instants. Pourtant, je me suis souvent obstinée à fréquenter des gars qui ne m'allumaient pas et qui n'étaient absolument pas mon genre. Un peu comme si je m'étais entêtée à lire un manuel de physique quantique, de mécanique automobile ou de macroéconomie alors que ces sujets n'ont aucun intérêt à mes yeux. Parfois, même le titre et la couverture ne m'inspiraient guère. Mais, profonde lassitude ou optimisme béat, j'ai poursuivi la lecture même si je savais pertinemment que jamais je ne me rendrais à la dernière page. Et, effectivement, au bout du premier chapitre, j'ai refermé l'ouvrage, déçue d'avoir cru que je finirais par tomber sous le charme.
Il est vrai que, contrairement aux livres, les hommes intéressants se font rares. Pour tout dire, je n'en ai rencontré aucun depuis le naufrage de ma dernière relation amoureuse. Ce qui explique sans doute pourquoi j'ai omis d'appliquer à mes prétendants la règle rigoureuse qui régit mes lectures. Si je l'avais fait, ma vie affective et sexuelle aurait été aussi palpitante que celle d'une soeur cloîtrée. Le plaisir solitaire a beau avoir ses vertus, il a aussi ses limites ! Et bien que je me sois récemment promis, après une série de déboires sentimentaux, de choisir mes amours avec le même soin que je choisis mes bouquins, je ne suis pas certaine d'y parvenir. En fait, j'ai l'impression d'être au milieu d'une immense bibliothèque : le livre pour moi est là, quelque part, au détour d'une tablette. Mais Dieu seul sait combien de romans mal écrits, de polars sans suspense, de contes érotiques ratés, d'histoires à dormir debout et de récits ennuyants je devrai encore me taper avant de tomber sur lui...
26 novembre 2009
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